PSE Crau

Le projet PSE en Crau a pour objectif de maintenir les pratiques agricoles vertueuses pour la quantité et la qualité de l'eau de la nappe de la Crau, ainsi que pour maintenir une biodiversité riche, née de l'interaction entre les zones humides des parcelles irriguées pour le foin et les zones sèches pâturées des coussouls. Alors que les surfaces dédiées à la production de foin subissent la pression foncière des villes et que les revenus de cette production sont limités, le maintien des pratiques d'irrigation liées à cette activité est indispensable pour garantir la continuité de l’accès à l’eau sur le territoire et maintenir le bon état quantitatif et qualitatif de la masse d’eau, en particulier dans les zones de sauvegarde pour l’alimentation en eau potable. Sur les pelouses sèches, le maintien d’un élevage ovin extensif est garant à la fois de la préservation d’une diversité biologique sans équivalent, et de la protection de la ressource en eau par la valorisation de 14 255 ha de surfaces d’infiltration des eaux pluviales, sans apports d’intrants ni pompage dans la nappe phréatique. Pour autant, l'élevage est soumis à de nombreuses pressions qui menacent ses capacités à garantir ces services environnementaux.

La mise en place d’une rémunération des services environnementaux indéniables rendus par l’agriculture en Crau permettrait à la fois de reconnaitre les bianfaits de cette agriculture mais également d’assurer le soutien économique nécessaire à la pérennité à long terme de ces filières et avec, l’accès à l’eau et la préservation de la biodiversité. Cela permettrait d’encourager et rechercher l’exemplarité des pratiques de pâturage, d’arrosage, de désherbage notamment. C'est pourquoi le PSE Crau cherche à rémunérer les parcelles agricoles suivantes:

• en foin irriguées gravitairement
• en prairies sèches pâturées
• toute culture confondues sur les zones de sauvegarde pour l'eau potable

Le développement des PSE sur la Crau est complémentaire de l’outil SAGE en cours d’émergence sur la Crau.

La plaine de la Crau se situe dans le département des Bouches-du-Rhône. Elle s’étend principalement sur le plafond perméable de la nappe de la Crau, soit une superficie de 550 km2 environ. L’aquifère de la Crau est identifié dans le SDAGE (Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux) Rhône Méditerranée comme Ressource stratégique pour l’alimentation en eau potable puisque difficilement substituable, et fera l’objet d’une obligation de SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion des eaux) dans le prochain SDAGE. Sur le plan qualitatif, la ressource souterraine est vulnérable puisqu’elle est peu profonde (généralement moins de 10 mètres par rapport au sol) et marquée par l’absence de protection imperméable. Sur le plan quantitatif, les prélèvements sont largement supérieurs à la recharge naturelle par les précipitations. Le bon état aujourd’hui reconnu de cette masse d’eau dépend du maintien d’une recharge artificielle suffisante, issue d’un transfert d’eau effectué depuis le système Durance-Verdon. En effet, 66% du volume annuel de la
nappe est rechargée grâce à l’irrigation gravitaire des prairies irriguées situées sur la plaine de la Crau. 

Pour mettre en oeuvre ce projet PSE, le SYMCRAU (Syndicat Mixte de gestion de la nappe phréatique de la Crau) a contractualisé avec 26 exploitants répartis sur toute la Crau, qui ont accepté d'être rémunérés en fonction de 6 indicateurs de services environnementaux rendus à la Crau:

• Pourcentage d'Infrastructures Agroécologiques: le pourcentage de la surface de l'exploitation agricole qui possèdent des structures paysagères importantes pour la biodiversité de la Crau, telles que les haies, les jachères, les arbres isolés, etc.
• Nombre de milieux: le nombre de milieux présents sur l'exploitation qui permettent la conservation de la biodiversité, tels que les prairies irriguées, les prairies sèches, les lisières forestières, etc.
• Pourcentage de couverture du sol: la capacité des cultures présentent sur les parcelles à couvrir le sol sur l'année pour éviter les phénomènes de ruissellement notamment
• Utilisation d'herbicide: indicateurs mesurant la quantité d'herbicide utilisée dans les parcelles, pour la qualité de l'eau et de la biodiversité
• Utilisation d'azote minéral : indicateur mesurant la quantité d'azote minéral, pour la qualité de l'eau et de la biodiversité
• Longueur de rotation: pour les cultures annuelles et légumières, indicateur mesurant les rotations de cultures sur une même parcelle, qui garantissent une bonne gestion du sol et des ravageurs

Les exploitations sont engagées sur une durée de 5 ans, avec des indicateurs actualisés tous les ans. La création de nouveaux services environnementaux (création de nouveaux milieux, diminution d'usage d'herbicides par exemple) est particulèrement encouragée grâce à une rémunération plus importantes des nouveaux services que du maintien des services actuels.