Lavandes et plantes messicoles pour une eau de qualité dans la Réserve de Biosphère Luberon Lure

Localisation

Bassin Rhône-Méditerranée-Corse

Alpes-de-Haute-Provence

Provence-Alpes-Côte d'Azur

Projet porté par

Parc Naturel Régional du Luberon

Type de projet

Gestion des systèmes de production agricole

Enjeux environnementaux

Eau

Biodiversité

Présentation

Dans le Sud de la France, sur un terroir sec et peu fertile, en piémont de la Montagne de Lure, une douzaine d'exploitations agricoles, productrices de plantes à parfum (lavandes et lavandins), ont volontairement choisi de suivre attentivement leurs modes de production.

A terme, les agriculteurs auront expérimenté des pratiques culturales pour répondre à deux obectifs environnementaux : préserver la ressource en eau et favoriser la biodiversité dans leurs exploitations. Les plantes messicoles présentes dans les parcelles seront un indicateur de la réussite des actions.

 

Localisation

Le Parc naturel régional du Luberon porte le projet PSE pour 2021-2025 sur la Réserve de Bisophère Luberon-Lure.

La reconquête de la qualité de l'eau est un objectif fort sur le territoire des Alpes-de-Haute-Provence. Cinq Aires d'Alimentation de Captages (AAC) en eau potable sont prioritaires sur la Montagne de Lure. Ces aires sont ciblées mais aussi les zones agricoles ayant un impact sur les masses d'eau du Largues et de la Laye.

Le projet répond aux objectifs du site Natura 2000 à chauves-souris dit de "Vachères" FR9302008.

 

Modalités de mise en oeuvre

Les Partenaires

En concertation avec le monde agricole, les études ont permis de proposer un cahier des charges pour des Paiement pour Services Environnementaux (PSE) cohérents avec l'évolution des pratiques pour préserver la qualité de l'eau. Les objectifs complémentaires pour la biodiversité sont attendus en réponse aux programmes suivants : Site Natura 2000 de Vachères et Plan National d'Action sur les "plantes messicoles". La filière agricole concernée est celle des Plantes à Parfum, Aromatiques et Médicinales (PPAM) avec ciblage vers la production de lavandin. Le PNR Luberon porte ce projet avec des partenaires techniques qui auront la responsabilité d'accompagner les exploitations agricoles pour apporter les conseils et les suivis techniques.

Calendrier

Le projet a démarré en en 2020 par l'étude des indicateurs et la sélection des agriculteurs. Ainsi les engagements ont débuté en 2021 et se termineront sur la campagne agricole 2025. Les exploitations sont engagées sur une durée de 5 ans, avec des indicateurs actualisés tous les ans. La création de nouveaux services environnementaux (augmentation des rotations, diminution d'usage d'herbicides par exemple) est particulièrement encouragée grâce à une rémunération plus importantes des nouveaux services au-delà du maintien des services actuels.

Actions en faveur des Plantes Messicoles

La densité et la diversité des plantes messicoles sont représentatives des pratiques agricoles. Selon un protocole standardisé du CBNA, des inventaires chez les agriculteurs en PSE seront analysés en comparaison avec les autres agriculteurs à l’échelle d’une même commune. L’indice « plantes messicoles » est considéré comme un indice de résultats pour la qualité de l’eau et l’expression de la biodiversité sauvage.

Cet indice comptabilise le nombre de parcelles de terres arables (hors PP et vergers), sur  lesquelles il y a une présence ou une absence de plantes messicoles selon leur niveau de rareté. Les messicoles ne sont comptabilisées que sur les parcelles de céréales. Les inventaires  sont réalisés par le Conservatoire Botanique National Alpin et le Parc du Luberon. On note la présence et la densité des plantes messicoles (cf Plan National d’Actions) sur Forcalquier-Lure-Banon dans 4 transects de 50 mètres de long sur 1 mètre de large en bord de champs en limite de la zone labourée et le premier rang de céréales.

Les indicateurs

  • Indicateur « Longueur moyenne des rotations »

Cet indicateur est inopérant pour les cultures pérennes (lavande lavandin) et en prairies permanentes du fait de la durée de la culture. Le calcul sera réalisé sur les productions annuelles, en déduisant de la SAU totale, la surface en cultures  pérennes. Pour les cultures annuelles, la longueur de la rotation sur une parcelle peut-être par exemple en rotation notée 5 : blé-orge-colza-avoine-pois-blé. Allonger une rotation n’empêche pas de conserver la présence régulière du blé d’hiver : passer d’une rotation de 3 ans à une rotation de 6 ans pour conserver la fréquence de retour du blé. Les légumineuses, capables de fixer l’azote de l’air, amènent un reliquat azoté pour la culture suivante et précèdent généralement des cultures qui valorisent bien l’azote (colza, blé). L’intégration de cultures de printemps dans la rotation permet de mettre en place des intercultures longues.

  • Indicateur « Couverture des sols »

En lavande, lavandin, les productions pérennes couvrent automatiquement 2/3 de la parcelle. Le pourcentage de couverture correspondra donc au pourcentage d’enherbement des inter-rangs naturel ou semé (engrais vert en mélange céréales-légumineuses) soit un taux de couverture soit minimum de 66% sur l’année. En grandes cultures, la couverture du sol est faite en début d’automne, avant les semis, et reste en place jusqu’au printemps. Nous prenons aussi en compte les résidus de culture non déchaumés après récolte, soit un taux de couverture minimum de à 9 mois à 70% sur l’année.

  • Indicateur « Quantité moyenne d’azote minéral »

Sur le territoire les pratiques sont valorisables à partir des niveaux suivants :
Cultures pérennes : de 50 kg N/ha en année 1 puis réduction progressive à 0 kg à 10 ans
Cultures annuelles : de 100 kg N/ha

  • Indicateur « IFT herbicides »

En grandes cultures, l’IFT régional pour le blé dur est de 1,0. Il n’y a pas d’IFT pour les autres cultures. En prévision nous fixons un IFT de référence de 0,5 pour toutes les cultures de blé dur ; blé tendre ; orge ; colza ; tournesol.

En lavande, lavandin, il n'y a pas d’IFT régional. Une étude récente a mis en avant un IFT de 3,7 sur un autre secteur en région Paca. Il sera donc fixé à 2 afin de produire des efforts plus bénéfiques pour la qualité de l’eau.

  • Indicateur « Volume d’eau consommée »

Les deux bassins versant « Largues » et « Laye » subissent des périodes d’assecs de plus en plus grandes. La ressource en eau est limitée sur ces secteurs qui sont dépendant pour l’alimentation en eau potable du canal de la Durance. Bien qu’aucun indicateur de gestion quantitative de l’eau n’ait été retenu par l’AERMC, il nous semble toutefois important de pouvoir répondre à cette problématique croissante typique la région méditerranéenne. Nous proposons l’ajout de cet indicateur, figurant dans la liste nationale, dans notre cadre de rémunération.

Accompagnement technique proposé

Un bilan sur la stratégie de gestion de l’herbe sera obligatoire afin d’optimiser l’efficacité de la solution agronomique mise en œuvre pour répondre aux objectifs fixé pour ses engagements PSE. Il permettra d’aider l’agriculteur à intégrer une stratégie globale de protection de ses cultures (identification des économies de produits phytosanitaires possibles). De façon générale, 3 bilans seront réalisés sur la période des 5 ans afin d’évaluer la pertinence des options techniques retenues pour réduire le recours aux produits phytosanitaires. Cela permettra de comparer les performances obtenues sur les parcelles faisant l’objet d’une amélioration des pratiques des PSE et sur celles n’en faisant pas l’objet chez d’autres agriculteurs, afin de réfléchir à une éventuelle généralisation des pratiques correspondant aux améliorations envisageables à l’ensemble des parcelles d’une commune.